Un cinéma saccagé en plein centre de Tunis après avoir présenté un documentaire sur la laïcité, une chaîne de télé privée attaquée suite à la diffusion de Persepolis, le film de Marjane Satrapi, la maison du patron de cette chaîne incendiée… Et, à chaque fois, les mêmes meneurs : des salafistes, des «barbus» qui semblent surgis de nulle part, dans un pays où les signes religieux ostentatoires ont longtemps été réprimés. Le 14 octobre, les revoilà qui défilent en exigeant le retour à la charia. Du jamais vu. Pour le camp laïc, ce n'est pas la peur. Juste une inquiétude, qui gâche un peu la fête de dimanche, où les Tunisiens votent pour la première fois depuis la chute de Ben Ali. Avec une seule certitude, comme le souligne Khadidja Cherif, une célèbre militante des droits de l'homme : «Les islamistes feront partie du paysage.» Quel sera le poids du parti islamiste Ennahda à l'issue du scrutin ? Que feront les islamistes au sein de la nouvelle Assemblée constituante ? Et que se passera-t-il s'ils remportent d'autres élections ?
Pour ceux qui, comme Khadidja Cherif, ont farouchement combattu Ben Ali, tout en assumant les acquis de la modernité qui servaient de vitrine trompeuse à la dictature, les vraies intentions de ce parti restent une inconnue. «Bien sûr, on ne va pas se réveiller lundi avec une république intégriste», tempère Khadidja. D'ailleurs, personne ne conteste aux islamistes, si durement opprimés par Ben Ali, la légitimité de se présenter