Tous les garçons Kadhafi ont laissé derrière eux une odeur de poudre à canon et de cadavres. De la présence d’Hana, il ne reste, dans sa chambre pillée, de la résidence privée de Bab al-Azizia, qu’un cabochon de parfum Guerlain. Que sait-on de la fille du Guide ? Kadhafi a forgé l’histoire d’une orpheline qu’il a recueillie lui-même, après le décès de ses parents biologiques, deux médecins palestiniens. Officiellement, Hana est morte à l’âge de 2 ans, en 1986, lors du bombardement de la résidence du Guide dans son quartier général de Bab al-Azizia.
La vérité est tout autre. Hana serait «la fille adultérine du Guide», croit savoir un des collègues de la jeune femme, médecin à l'hôpital central de Tripoli, qui ne souhaite pas donner son nom : «Je sais de sources sûres que la vraie mère d'Hana vit à Tripoli.» Il existe bel et bien les preuves d'une vie scolaire, tout à fait réelle, avec bonnes amies de classe, bulletins de notes signés de la main du Guide lui-même, témoignages de professeurs, photos retrouvées, et même un dentiste anglais appelé en urgence il y a deux ans au chevet de la «morte».
Depuis cinq ans, les services secrets britanniques connaissaient l'existence d'Hana, élève du British Council de Tripoli, et surtout patiente en 2007 d'un célèbre orthodontiste londonien. Début septembre, des journalistes britanniques ont retrouvé la trace, dans les archives de l'ambassade de Libye à Londres, d'un projet de voyage à Tripoli du Dr Stephen Hops