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Libération

La colère des blessés de la révolution à l’heure du jeûne

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Paralysés ou mutilés à la suite des affrontements qui ont fait chuter Ben Ali, une centaine de Tunisiens ont entamé une grève de la faim pour être soignés.
publié le 24 octobre 2011 à 0h00

Tunisie, année zéro : en se rendant hier massivement aux urnes, les Tunisiens ont définitivement tourné la page du passé. Dans les files d’attente devant les bureaux de vote, il y avait du soulagement, une joie inconnue. Mais plus personne ne s’attardait à évoquer le régime déchu. C’est fini, ils en sont persuadés : Ben Ali ne reviendra pas, il ne fait plus peur. La révolution du jasmin n’a pourtant que dix mois, la démocratisation n’est pas achevée. Mais le vote d’hier a consacré le succès de la période de transition, née d’une révolte que personne n’avait anticipée. Une révolution sans leaders a accouché d’une démocratie pluraliste.

Pourquoi ne pas s’en réjouir ? Rached el-Arbi aurait dû lui aussi participer à ce vote historique. Cette élection, c’est un peu grâce à lui qu’elle a eu lieu. Le 13 janvier, cet étudiant de 21 ans était en première ligne des manifestations contre le président Ben Ali. Dès le lendemain, le régime s’effondre. Mais dix mois plus tard, Rached a passé la journée du vote allongé sur un matelas dans un local associatif au centre de Tunis. Dans ce dortoir improvisé, cinq jeunes gens au regard fiévreux sont alignés à ses côtés. Tous, comme Rached, ont entamé mardi une grève de la faim.

Balles. Un geste désespéré qui fait des émules. A travers le pays, ils seraient ainsi une centaine à refuser désormais de s'alimenter. Les derniers à avoir rejoint le mouvement, samedi, sont une quinzaine de jeunes de Thala, une ville de l'ouest tunisien qu