Menu
Libération
TRIBUNE

La Grèce, sous le joug des stéréotypes

Article réservé aux abonnés
par Par Nicolas Pitsos Doctorant au Centre d’études balkaniques CEB-Inalco, chargé de cours à l’Institut catholique d’études supérieures (Ices)
publié le 24 octobre 2011 à 0h00

Depuis quelque temps, une tempête secoue les marchés financiers et sème la panique dans les gouvernements du monde entier. Sur le marché des boucs émissaires, en revanche, les transactions semblent avoir le vent en poupe. Les périodes de crise, toujours propices à l'éclosion et à la diffusion de discours populistes, permettent également de dévoiler au grand jour les stéréotypes sur l'autre et les clichés sur l'ailleurs. Illustration éloquente de ces tendances, la discussion qu'a suscitée la dette grecque. «Aucune pitié pour le pays imposteur», martèlent les uns. «Volons au secours du berceau de la démocratie», assènent les autres.

Sans essayer de comprendre les raisons profondes qui rendent ce pays si vulnérable face à la crise, médias et hauts fonctionnaires des Etats membres de l'Union européenne ont brutalement critiqué la Grèce, incriminant des comportements «propres» aux habitants de ce pays pour expliciter le phénomène. Les appellations de «menteurs», de «voleurs» et de «paresseux» ont été particulièrement prisées. Leur application caricaturale et généralisée à l'ensemble des habitants d'une nation a tout du discours aux consonances racistes. De leur côté, les nostalgiques inconditionnels d'une Antiquité sublimée perpétuent la tradition chère aux romantiques du XIXe siècle, regardant la Grèce moderne à travers le souvenir d'un passé révolu.

La situation est ainsi abordée à travers deux prismes déformants : stigmatisation et idéalisa