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Libération
Reportage

Tunis s’en donne à pleines voix

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Des quartiers huppés aux banlieues pauvres, les Tunisiens se sont déplacés en masse, hier, pour élire l’Assemblée constituante.
publié le 24 octobre 2011 à 0h00

A Sidi Bou SaÏd, haut lieu touristique de la Tunisie, les vendeurs d’artisanat devant le Café des nattes étaient les seuls, hier, à afficher une mine morose. Les touristes ne sont toujours pas revenus, mais dans ce quartier huppé du nord de Tunis, il y avait pourtant une affluence inhabituelle et un air de fête. Ce sont les écoles qui attiraient cette foule. Transformées en bureaux de vote le temps d’un dimanche électoral historique, elles étaient prises d’assaut par de longues files d’attente sous un soleil brûlant.

Lunettes Gucci et décolleté ravageur, Amal, vingt ans, a patienté trois heures avant de pouvoir mettre son bulletin dans l'urne, comme 70% des Tunisiens qui se sont déplacés pour élire l'Assemblée constituante. «J'attendais ce jour depuis le 14 janvier !» trépigne-t-elle en évoquant le moment où le président Ben Ali a pris la fuite, abandonnant un pouvoir tenu d'une main de fer pendant vingt-trois ans. «C'est la grande fête tunisienne», renchérit sa copine Myriam en balançant son sac Chanel.

«Fête». Ici, comme souvent dans les banlieues nord de Tunis, on pourrait se croire sur la Côte d'Azur, sans ces grandes maisons aux volets bleus, ornées de mosaïques orientales. Les femmes sont grandes et minces, parlent un français sans accent. Les hommes, en polo et lunettes noires, pianotent sur leurs portables en attendant de voter. Il n'y a qu'une seule file, qui s'enroule en escargot jusque dans la rue.

A un quart d'heure de route, la Tu