C'est une drôle de journée qu'ont vécue les Tunisiens. Sans résultats officiels - ils ne seront dévoilés que cet après-midi - quant à la composition de la nouvelle Assemblée constituante. Mais avec une succession d'indices qui, au compte-gouttes, sont venus confirmer l'évidence qui se dessinait depuis plusieurs mois : la domination de la nouvelle scène politique par le parti islamiste Ennahda. Rachida Cheïb a veillé jusqu'à 23 heures, dimanche soir, et vite allumé la radio hier matin. D'abord «contente de la façon dont s'est déroulé le scrutin», la jeune femme se réjouit déjà de la «nouvelle Tunisie», elle qui a voté pour la formation islamiste. Son arrivée au pouvoir, Maher Rejeb «ne la redoute pas» car «c'était attendu».
«Tracts».«Amer», Haythem est, lui, allé exprimer sa frustration devant le centre des médias, lundi après-midi. Un collectif de citoyens avait organisé une marche pour demander à l'Instance indépendante pour les élections, organisatrice du scrutin, de sanctionner sévèrement les dépassements commis par les partis, sous-entendu Ennahda. «Il faut combattre les monstres. Ils ont investi les mosquées pour répandre leurs discours politiques. Moi, hier, j'ai croisé une vieille dame qui avait une étiquette donnée par les militants, avec le logo et le numéro, pour qu'elle coche la bonne case», explique le jeune homme. L'observatoire national, coordonné par la Ligue tunisienne des droits de l'homme