Entourée de son fils Máximo et de sa fille Florencia, Cristina Fernández de Kirchner, 58 ans, a esquissé quelques pas de danse, dans la nuit de dimanche à lundi, sur la place de Mai de Buenos Aires. La Présidente, triomphalement réélue dès le premier tour de scrutin avec 54% des suffrages pour un nouveau mandat de quatre ans, n'avait plus laissé éclater sa joie en public depuis douze mois. Le 27 octobre 2010, penchée sur le corps sans vie de son mari, Néstor, dans une chambre de l'hôpital José Formenti d'El Calafate (en Patagonie, dans le sud du pays), elle s'étouffait de sanglots en lui murmurant : «Ne me laisse pas seule, s'il te plaît, ne me laisse pas…» Une heure auparavant, un infarctus avait emporté son grand amour, le fidèle compagnon de trente-sept ans de vie commune qui l'avait notamment initiée aux arcanes de la politique et lui avait cédé, en 2007, son fauteuil à la Casa Rosada, l'Elysée local.
Depuis, elle porte le deuil. La «dame en noir» ne perd d'ailleurs jamais une occasion d'évoquer la mémoire de son époux. «J'aurais tellement aimé que tu sois encore parmi nous, a-t-elle lancé dimanche midi en déposant son bulletin de vote dans l'urne. Tu as marqué la vie politique de l'Argentine, tu es rentré dans l'histoire.» Durant son mandat (2003-2007), Néstor Kirchner avait rétabli l'autorité de l'Etat après la terrible crise économique et sociale de 2001-2002, renégocié l'insupportable dette extérieure du pays en s'opposant aux diktats du Fon