Le petit bâtiment qui a fait rêver ou trembler des millions d'Allemands de l'Est semble aujourd'hui minuscule, écrasé par la haute silhouette d'un immeuble de bureaux. Du temps du mur, le «Palais des larmes», l'un des plus célèbres points de passage entre RDA et RFA, se dressait à côté de la gare centrale de Friedrichstrasse, au cœur de Berlin-Est. Ce sas était la seule porte permettant aux voyageurs en provenance de Berlin-Est de se rendre en République fédérale par le train. «Les temps d'attente étaient interminables, on manquait d'air et les contrôles étaient très pénibles», explique une vieille dame.
Cinquante ans après la construction du mur, le Palais des larmes - surnom donné par les Berlinois de l'Est - vient d'être transformé en musée : une cabine de contrôle des visas en plaqué formica d'origine trône au milieu du bâtiment. Des uniformes, des photos, des lettres, les témoignages vidéo de vendeurs de journaux de la gare, de douaniers ou de passagers, la liste des produits de première nécessité à rapporter d'un séjour à l'Ouest pour quelque voisine malade… Entre sa construction, en 1962, et la chute du mur, 10 millions de personnes - jusqu'à 30 000 par jour - ont transité par le Palais des larmes. Pour l'essentiel, les usagers passant par la Friedrichstrasse étaient des Allemands de l'Ouest rentrant chez eux après une courte visite à leurs proches de l'Est. «Chaque année, lorsque j'étais enfant, nous nous rendions là avec mes parents pour dire adieu à ma