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Ghannouchi, l’occulte islamiste

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Le leader d’Ennahda, vainqueur de l’élection tunisienne, oscille entre démocratie et rigueur religieuse.
Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste tunisien Ennahda, le 25 octobre 2011 à Tunis. (© AFP Fethi Belaid)
publié le 26 octobre 2011 à 0h00

Accueilli triomphalement par des milliers de partisans à son retour d'exil fin janvier, célébré comme une rockstar dans les meetings, Rached Ghannouchi peut maintenant, dix mois après la révolution, savourer sa victoire dans les urnes. Ennahda («Renaissance»), le mouvement qu'il a cofondé en 1969, vient de remporter une large victoire aux premières élections libres du pays. «Cheikh» Ghannouchi, comme l'appellent ses sympathisants, est un «animal politique», affirme une source anonyme dans un parti de gauche, «une force tranquille, qui avance malgré et dans l'adversité». Un tenant de ce double discours caractéristique du mouvement, accusent aussi ses détracteurs. Sa doctrine est «ambiguë», juge ainsi Hamadi Rédissi, politologue et président de l'Observatoire tunisien de la transition démocratique : «Il navigue entre le califat et l'état civil, entre le modernisme et la rigueur idéologique, entre l'électoralisme et l'agitation permanente. Il est capable de dire tout et son contraire. Je pense qu'il est sincèrement et profondément divisé intérieurement.» Ghannouchi se réclame de l'islamisme modéré des Turcs de l'AKP. Mais, dans les ouvrages qu'il a écrits, «les sources intellectuelles sont toujours les mêmes : Hassan el-Banna, le fondateur des Frères musulmans, ainsi que d'autres islamistes radicaux», dit Rédissi.

«Arbitre». Né dans le Sud tunisien, à El-Hamma, Ghannouchi «a le parcours typique d'un islamiste radi