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Libération
TRIBUNE

Libye, un imaginaire à reconstruire

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publié le 26 octobre 2011 à 0h00

En 2009 nous quittait dans l’indifférence générale, à 77 ans, Hassan Laribi, maître du malouf, l’école musicale andalouse de Libye. Les rares mélomanes qui se sont intéressés à la musique de ce pays durant le règne de Muammar al-Kadhafi devinaient que Hassan Laribi avait, durant quarante ans, été pris au piège de la propagande dictatoriale. De 1969, où on pouvait le voir au deuxième Festival de musique andalouse d’Alger, aux nombreuses prestations dans les pays arabes, il était difficile de percevoir toute l’étendue du savoir musical du professeur tripolitain qui a côtoyé les plus grands artistes du monde arabe, de l’Egyptienne Oum Kalsoum au maître marocain Abdelkrim Raïs. Lorsqu’au Festival de musique andalouse de Testour en Tunisie on se risquait à lui demander ce qu’il pensait de l’épisode où le guide libyen avait brûlé des instruments de musique, le visage du chef d’orchestre se fermait.

Hassan Laribi l'officiel, comme tant d'autres artistes, intellectuels, écrivains et peintres de l'exil ont, durant presque un demi-siècle, été emprisonnés dans l'image que nous nous faisons de leur pays. Il faut craindre que cela perdure même après huit mois de révolution, et nous continuons comme le président Sarkozy, son ministre Pierre Lellouche et les chefs des entreprises françaises, à ne voir de la Libye qu'un désert de tribus riche en matières premières. L'écrivain francophone et musicien de jazz Kamal ben Hameda n'a-t-il pas écrit au lendemain du début de la révolution à Benghazi