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Libération
Reportage

Au Daguestan, l’islam radical toutes voiles dehors

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La plus instable des républiques du Caucase du Nord connaît une forte poussée du salafisme, qui sert de terreau à la rébellion armée.
publié le 28 octobre 2011 à 0h00

«Allah akbar !» crient en chœur trois jeunes gens assis sur le bord de la pelouse. Mogamet, vêtu d'un brassard orange «Salaf Ligue», vient de marquer un but. Il est 8 heures du matin, un dimanche, à Makhatchkala, capitale de la République du Daguestan, et 200 jeunes se sont retrouvés pour un tournoi d'un genre particulier. Sur ces quatre pelouses fatiguées d'un stade de quartier, interdiction de jurer, tacler, contredire l'arbitre, fumer, et manifester toute émotion hormis la joie d'être ensemble et la reconnaissance au Très-Haut. Pas de femmes non plus. Ce tournoi de foot «halal» est organisé par les musulmans dits salafistes, et le jeune imam de leur principale mosquée à Makhatchkala, Ahmad Mogamedkamilov, en est l'arbitre suprême. Si le muezzin les surprend pendant le jeu, ils prient à même le gazon.

Maquis. L'existence autorisée de cette compétition illustre un double phénomène perceptible aujourd'hui au Daguestan, la plus musulmane mais aussi la plus instable des républiques du Caucase du Nord : non seulement l'espace public s'islamise, mais le courant salafiste, qui se revendique de l'islam des origines, conservateur et intransigeant, fait de plus en plus d'adeptes et avance à visage découvert, relayé par la presse indépendante.

Dans les rues de Makhatchkala, le hijab s'affiche désormais au côté de la minijupe. Une plage réservée aux femmes musulmanes a été inaugurée à la fin de l'été, et les écoles publiques deviennent le théâtre d'affrontement