Alfredo Astiz, «l'ange blond de la mort», tel qu'il est surnommé en Argentine, a désormais les cheveux blancs mais n'a rien perdu de son arrogance. Aux juges qui lui demandaient il y a une dizaine de jours des comptes sur les enlèvements, les tortures et les assassinats d'opposants dont il s'est rendu coupable durant la dernière dictature militaire (1976-1983, 20 000 morts et disparus), il répondait être victime «de persécutions politiques» et réaffirmait sa conviction d'avoir légitimement «combattu le terrorisme». Mercredi, à l'annonce du verdict le condamnant à perpétuité, Astiz accrochait à son revers de veston un pin's aux couleurs nationales, bleu et blanc, en faisant mine d'être étranger à son procès. Il aura fallu vingt-deux mois de débats et l'audition de plus de 160 témoins pour que cet ex-officier de marine, âgé de 59 ans, soit enfin reconnu coupable des pires exactions, parmi lesquelles l'enlèvement et la disparition des deux religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, en décembre 1977, à la sortie de l'église Santa Cruz de Buenos Aires.
Caserne. Alfredo Astiz, déjà condamné à la perpétuité par défaut en France en 1990, comparaissait devant le tribunal fédéral numéro 5 de la capitale argentine en compagnie de 17 autres ex-gradés, tous anciens responsables du Groupe 3.2.2 de la sinistre Ecole de mécanique de la marine (ESMA), dont 11 ont écopé de la même peine que lui. Dans les sous-sols de cette caserne, plus de