Dans les semaines qui ont suivi le 11 mars, nous avons tous été ébranlés par la catastrophe de Fukushima, par l’incapacité des Japonais à contenir l’accident et l’inaction des autorités. Depuis, ce nom a cessé de faire la une de l’actualité. Pourtant, ce désastre qui dispute à Tchernobyl le triste privilège d’être la pire catastrophe nucléaire de l’histoire est loin d’être terminé. L’une des principales régions agricoles du Japon est profondément contaminée. En fait, c’est toute la société japonaise qui est victime d’un poison invisible. C’est pour mieux comprendre la situation que j’ai souhaité me rendre sur place [du 19 au 23 octobre, ndlr]. J’en reviens plus convaincue que jamais : le risque nucléaire est inacceptable.
Depuis le 11 mars, la population japonaise s’inquiète chaque jour pour sa santé et surtout pour celle de ses enfants. Les autorités ont rehaussé les normes de contamination acceptables pour les aliments, entraînant une suspicion généralisée : elles sont quinze fois supérieures à celles tolérées en Ukraine après Tchernobyl ! A Tokyo, je suis allée dans un supermarché avec des parents qui m’ont montré le parcours du combattant pour protéger leurs enfants : en l’absence d’informations claires et fiables, ils passent des heures à vérifier l’origine de chaque aliment.
La situation est pire à proximité de la centrale de Fukushima Daichi où je me suis rendue. Les autorités font tout pour minimiser, voire normaliser