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Libération
Interview

«Pyongyang veut soutirer des dons contre le gel du nucléaire»

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Questions à Andreï Lankov Historien, spécialiste de la péninsule coréenne
publié le 31 octobre 2011 à 0h00

Spécialiste de la péninsule coréenne, Andreï Lankov est un historien russe qui enseigne à l’université Kookmin, à Séoul. Il analyse les raisons qui poussent la Corée du Nord à revenir à la table des négociations sur sa dénucléarisation.

Pourquoi le régime de Kim Jong-il réclame-t-il la reprise du dialogue ?

Tout simplement pour soutirer des concessions et des dons. Les Nord-Coréens savent que la communauté internationale est prête à en faire, car elle a peur d’eux, surtout depuis les attaques meurtrières de l’année dernière. Sur un plus long terme, ils veulent discuter d’un programme de restriction d’armes. Ils ont probablement entre 5 et 10 engins nucléaires, et ils n’en ont pas vraiment besoin d’autres pour continuer leur chantage. Ils souhaitent négocier un gel de leur production - voire un contrôle international de leur arsenal -, un arrêt de leur prolifération vers la Birmanie, le Soudan, en échange d’importantes compensations financières. C’est une politique du chantage, mais elle est rationnelle et surtout efficace, car elle vise à la survie du régime, qui se maintient au pouvoir depuis près de soixante ans.

La Corée du Nord cherche-t-elle vraiment à négocier ?

Depuis le premier jour des discussions sur le nucléaire nord-coréen, en 2003, le régime de Pyongyang a décidé qu’il ne se débarrasserait jamais de son arsenal. A moins de vouloir se suicider, il a tout à perdre à négocier une reddition, une totale dénucléarisation. Les Etats-Unis viennent enfin de réaliser qu’elle n’aura jamais lieu, mais ils continuent à discuter, car ils savent que c’est le moyen d’éviter un clash. La Corée du Nord pe