Longtemps on a voulu ignorer ce qu’était Babi Yar : le lieu où, en deux jours, les 29 et 30 septembre 1941, la totalité de la population juive de Kiev a été exterminée par les nazis. Durant les deux années d’occupation qui suivirent, ce fut le tour des Tsiganes, des malades mentaux, des partisans, des communistes et de tous ceux qui, à Kiev, résistaient aux nazis. Ils furent menés au bord de ce ravin pour y être abattus à la mitrailleuse.
Le nom de Babi Yar (le «ravin des bonnes femmes») est devenu ainsi le symbole des atrocités nazies commises dans les territoires occupés de l’URSS, l’équivalent d’Auschwitz pour les Occidentaux.
Mais la mémoire des victimes n'a pas encore acquis de vraie existence officielle, même si depuis longtemps le 29 septembre est devenu un jour de recueillement et de rassemblements réclamant la sanctuarisation du lieu. Cette année, c'est le 3 octobre qu'a été commémoré officiellement à Kiev le 70e anniversaire des massacres : le gouvernement ukrainien avait convenu d'un report de date en raison du Nouvel An juif. On pouvait donc s'attendre à une commémoration nationale, un regroupement des mémoires jusque-là malmenées. Il n'en a rien été.
Comme à Auschwitz, les nazis avaient tout fait pour effacer les traces. Avant de battre en retraite, ils voulurent occulter l’immensité du crime. Le cimetière juif, à proximité du ravin fut démantelé pour fournir les pierres de crématoires improvisés pour les cadavres. Au sortir de la guerre, la rivière qui