Dans la pénombre, on aperçoit en premier des dizaines de paires d'yeux écarquillés. Une quarantaine d'enfants apeurés sont agglutinés au fond de la grotte, les uns accroupis par terre, d'autres assis de travers entre deux grosses roches. Ils picorent timidement dans un bol rempli de sorgho et de feuilles de haricots, tendu par Cécilia Abbas, une des réfugiés. «Les enfants ne sont pas en bonne santé car nous n'avons plus de quoi les nourrir. Ce n'est pas un endroit pour des êtres humains», déclare cette femme, agrippant la croix qu'elle porte autour du cou, le front plissé par une colère froide.
Soudain, elle s'interrompt et observe le ciel. Quelqu'un a perçu un bruit sourd dans le ciel et s'écrie : «Antonov !» Le son de l'avion de fabrication russe, utilisé par l'armée soudanaise pour larguer des bombes, est devenu familier. Les enfants, dès leur plus jeune âge, sont désormais capables de différencier le son d'un Antonov de celui d'un Mig, avion de chasse bombardant également les zones rebelles. La panique se diffuse en un éclair et tout le monde se précipite pour se mettre à l'abri. Au bout de quelques minutes, lorsque la menace s'est estompée, certains commencent à ressortir avec soulagement.
Pétrole. Ces centaines de villageois vivent dans la terreur depuis trois mois, parqués dans ces grottes, à une trentaine de kilomètres à l'est de Kadugli, la capitale du Sud-Kordofan, au Soudan. Cette région frontalière avec le Soudan du Sud, devenu in