Après une «révolution safran» avortée en 2007, l’on avance désormais l’hypothèse d’un «printemps birman». De surprenants changements sont intervenus ces derniers mois en Birmanie, de la libération de prisonniers politiques à l’émergence d’autorités civiles en passant par l’adoption de lois autorisant le droit de grève ou la diffusion de langues régionales. A la différence du monde arabo-musulman, ces bouleversements institutionnels sont initiés par le pouvoir, et non poussés par une population rebelle ou un monde extérieur interventionniste.
Certes, l’évolution de la société birmane depuis le passage du cyclone Nargis en 2008 y a fortement contribué. Il y a en Birmanie une société civile, essentiellement urbaine, en pleine effervescence. ONG, associations religieuses, think tanks et médias birmans s’émancipent d’une censure peu à peu assouplie. Tous participent à l’émergence de débats publics auxquels la hiérarchie de l’armée ne se montre plus aussi hostile que sous l’ère du désormais retraité Than Shwe. Au sein du Parlement formé après les élections contestées de novembre 2010, les questions qui fâchent (spoliation de terres par l’armée, légalisation des syndicats) sont posées avec plus d’assurance par les députés d’une opposition «légale».
Révélatrices cependant des divisions des opposants birmans, cet élan législatif novateur est porté par une opposition minoritaire, celle qui a fait le choix controversé de participer au jeu constitutionnel de l'ex-junte. Surtout, certaines