Un maître d’ouvrage qui licencie son architecte ? Banal. Sauf lorsqu’il s’agit d’un chantier particulièrement sensible, la construction de la plus vaste mosquée d’Europe à Cologne. Lorsque fin 2006, Ditib, une association musulmane directement rattachée à Ankara, choisit Paul Böhm pour dessiner les plans de ce lieu de culte, le calme semble enfin revenu autour d’un projet très contesté.
Paul Böhm est le fils d'un célèbre bâtisseur d'églises allemand - ça rassure - et son projet est particulièrement esthétique. Surtout, le courant passe entre Böhm et Mehmet Yildirim, alors président de Ditib. Après dix ans de conflit, la municipalité se félicite du calme retrouvé. En effet, dès le lancement du projet, en 1996, tout était allé de travers pour la mosquée de Cologne. L'extrême droite, relayée par l'écrivain juif de gauche Ralph Giordano et même les Verts (hostiles à ce projet «tant qu'il ne sera pas possible d'édifier églises ou synagogues en Turquie») avaient attisé les craintes des habitants du quartier populaire qui doit accueillir le bâtiment. Il est vrai que le projet est colossal : 4 500 m2 de salles de prière, de conférence, bibliothèque, pouvant accueillir jusqu'à 4 000 fidèles, deux minarets de 55 mètres de haut, une coupole spectaculaire et 20 millions d'euros de coûts. Seule la promesse que le muezzin ne sera pas entendu de l'extérieur apaise le voisinage.
Mais le calme aura été de courte durée. A quelques mois de la livraison, prévue en mai, Ditib a