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Libération
Récit

Bogotá livré à l’ex-guérillero urbain

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L’ancien rebelle du M-19, figure de la lutte anticorruption en Colombie, a été élu maire de la capitale.
publié le 2 novembre 2011 à 0h00

Gustavo Petro a connu son premier fils en prison quand celui-ci avait 9 mois. Le jeune père efflanqué, qui se remettait des coups reçus dans une caserne, purgeait une peine de deux ans pour son appartenance à la guérilla de gauche du M-19. Il avait imaginé mourir entre les mains des militaires, ne croyait plus à la lutte armée, mais pensait toujours qu'il devait «changer la Colombie».

Vingt-six ans après, les élections locales de dimanche, organisées dans tout le pays, ont marqué une première étape : le petit homme au sourire rentré est devenu le premier ex-guérillero à diriger la capitale de 7,3 millions d'habitants, un poste considéré comme la deuxième fonction du pays. «Bogotá a dit oui à la réconciliation et à la paix», a lancé l'ex-rebelle qui, avec 32% des voix, a profité de la division de ses adversaires de centre droit. De fait, ce fils d'instituteur d'origine modeste n'aurait jamais participé à un combat. Entré à peine majeur au M-19, il se chargeait surtout d'organiser des occupations de terrains par des familles pauvres. Après son emprisonnement, il favorise dans la clandestinité des négociations qui mènent, en 1990, à la transformation de la guérilla en parti légal.

Collusion. Ses plus belles batailles se dérouleront au Parlement, où il est élu dès l'année suivante. Dans les années 2000, il y dénonce méthodiquement la collusion de dizaines de ses collègues sénateurs avec les milices d'extrême droite. Elus et paramilitaires forment