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Libération
Reportage

Hongrie : les Roms poussés dehors

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Les communes d’extrême droite, comme Gyöngyöspata, privent les Tsiganes du revenu minimum.
publié le 2 novembre 2011 à 0h00

Anorak gris et casquette rouge, l'uniforme fourni par la municipalité, Attila Rácz débroussaille à coups de hachette le chemin communal. Il est rom, comme la plupart des 72 employés du programme pilote de travaux publics, projet du gouvernement mis en œuvre à Gyöngyöspata, village dirigé par le parti d'extrême droite Jobbik. Depuis que son fils a été licencié, Attila, 51 ans, a la rage au cœur. «Il n'a jamais manqué un seul jour de travail, sauf une fois pour aller chez le dentiste à cause d'un abcès. Il a fourni un certificat médical à la mairie, mais le papier a disparu… Et il a été licencié. Non seulement il ne touchera plus son salaire de 47 000 forints [150 euros, ndlr], mais la mairie lui supprime le revenu minimum social [95 euros par mois] pendant trois ans ! Il va perdre cette petite aide qui l'aurait aidé à faire vivre sa famille.» Le fils d'Attila est le quatrième à être congédié de la sorte. Le dentiste a refusé de lui délivrer une copie. «C'est devenu difficile de vivre normalement», soupire le jeune homme.

Tensions. Dans ce village, comme dans tout le reste du pays, le Jobbik a réalisé de gros scores aux législatives de 2010 (16,8% à l'échelle nationale), loin derrière le Fidesz, la formation du Premier ministre nationaliste Viktor Orbán, qui colle à l'extrême droite et ses thèmes xénophobes.

Rester ou partir ? Parmi les Roms de Gyöngyöspata, certains ont tranché. En deux mois, une demi-douzaine de familles ont quitté le village