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Libération

La sincérité et la saga islamiste

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publié le 2 novembre 2011 à 0h00

Est-il si difficile de concevoir que ce qui a été vrai le soit de moins en moins ? Est-il tellement impossible d’admettre que des hommes changent et des courants politiques évoluent au gré des situations ? Ça ne devrait pas l’être tant ce fut fréquent dans l’histoire mais le résultat des élections tunisiennes suscite pourtant les mêmes débats et dénis de réalité que la perestroïka en son temps.

De même que l'immense majorité des soviétologues avaient alors estimé que les réformes lancées par Mikhaïl Gorbatchev n'avaient pour but que de «sauver le communisme» et de «désarmer l'Occident», beaucoup de gens sont convaincus que les islamistes tunisiens - et, demain, égyptiens - auraient un «agenda caché» et seraient encore plus dangereux drapés dans la démocratie qu'appelant au jihad. «On ne peut pas plus être islamiste modéré que modérément fanatique», dit-on aujourd'hui comme on disait hier qu'on «ne revient pas du communisme» mais, outre qu'on en est bel et bien revenu, les islamistes en étaient arrivés au même échec, à la même impasse et à la même nécessité de changer que la direction soviétique il y a un quart de siècle.

En 1985, lorsque la gérontocratie du Kremlin lui remet les commandes après avoir épuisé son stock de vieillards titubants, Mikhaïl Gorbatchev se retrouve à la tête d'un pays totalement déclinant. Les magasins d'alimentation sont vides. L'URSS a raté la révolution informatique. Ronald Reagan est en position de faire