Spécialiste de la Grèce et des Balkans, George Prevelakis, professeur de géopolitique à la Sorbonne-Paris-I, analyse les raisons du coup de poker politique du Premier ministre grec.
La levée de boucliers est générale en Grèce contre le référendum. Pourquoi ?
La véritable demande de la société grecque est celle d’élections anticipées alors que le gouvernement du Pasok a perdu sa légitimité en interne et sa crédibilité à l’extérieur. De tels scrutins qui se sont déroulés dans d’autres pays frappés par la crise se sont traduits par des votes-sanctions contre les gouvernements. Pour repousser cette échéance, Georges Papandréou a annoncé ce référendum, espérant en tirer un renouveau. On ne connaît pas encore la question posée. Il hésite encore entre deux options stratégiques. L’une est de jouer sur la peur d’un chaos majeur en demandant aux électeurs s’ils veulent que la Grèce reste dans l’euro, voire dans le projet européen. L’autre, notamment si les relations avec l’UE se dégradent encore, sera de tenter de surfer sur les sentiments antieuropéens croissants de l’opinion et de reprendre les thématiques patriotiques et nationalistes qui étaient celles de son père, Andreas Papandréou, à la fin des années 70. C’est une fuite en avant.
Ce gouvernement avait-il d’autre choix qu’une politique d’austérité draconienne ?
Sa marge de manœuvre était certes très réduite, mais le Pasok a surtout perdu sa légitimité à cause de ses contradictions. Il avait toujours reproché à ses adversaires de mener une politique néolibérale et il a fait la même, de surcroît très mal. Au lieu de faire le ménage dans un secteur public pléthorique, il a surtout pénalis