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Libération

Corée du Sud : l’école des rapporteurs

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publié le 4 novembre 2011 à 0h00

On les appelle des paparazzi mais ceux-là ne sont pas en quête de stars et de strass. Ils préfèrent traquer les entorses à la loi de leurs concitoyens qu’ils dénoncent sans scrupule avant de se faire rétribuer par l’administration ou les entreprises comme la loi le prévoit. Des «académies» proposent des formations pour devenir chasseur de prime. Dans cette société matérialiste guidée par l’appât du gain, le système séduit des démunis. Femmes au foyer et retraités, moins souvent étudiants et petits employés, ils sont de plus en plus nombreux à frapper aux portes de ces écoles de la délation qui prospèrent en Corée du Sud à la faveur de la crise économique.

«On peut gagner 2 millions de wons [1 270 euros, ndlr] par mois à condition d'être bien informé», explique, sourire mielleux, Moon Seoun-ok, le directeur de Mismiz, une «académie» hébergée dans un immeuble décati du sud de Séoul. Quand ce policier à la retraite a démarré, il y a onze ans, il accueillait chaque jour une poignée de «lecteurs» dans son minuscule deux-pièces. Cette année, ils sont en moyenne une vingtaine à suivre une formation de deux jours facturée 160 euros. Ce matin, quatre «lecteurs» sont autour de la table. Ils boivent les paroles de Kim Jung-hee, l'énergique professeure qui liste les cas d'infractions : stationnement illégal, prostitution, mauvais tri des poubelles, fraude aux cours surfacturés dans un pays où la compétition scolaire est rude et chère. A l'en croire, to