C'était il y a sept ans, autant dire hier pour ce soldat qui a requis l'anonymat. «Il y a quelques jours, raconte-t-il, un avion est passé au-dessus de ma maison, dans le Sud-Ouest, je me suis tout de suite accroupi pour me planquer. Ma femme a été obligée de me prendre dans ses bras pour me calmer.» Le 6 novembre 2004, cet homme, aujourd'hui trentenaire, était consigné sur la base militaire française de Bouaké, quand un avion du régime de Laurent Gbagbo a lâché deux paniers de roquettes. Bilan : neuf morts et une quarantaine de blessés parmi les soldats français, dont une dizaine grièvement. La plus lourde perte pour l'armée depuis l'attentat contre l'immeuble Drakkar, à Beyrouth, en 1983.
Déployés au sein de la force de maintien de la paix Licorne, ces militaires s'attendaient à tout. Sauf à être ciblés. «A mes côtés, quatre de mes camarades sont décédés, ils ont involontairement sauvé ma vie en faisant écran avec leurs corps», se souvient-il. Invalide de guerre, il porte une vingtaine de cicatrices sur le corps, et a sauvé de justesse son bras gauche. «Je ne suis plus que la moitié d'un soldat», souffle-t-il.
Mais pourquoi ses frères d’armes sont-ils morts ? Pourquoi ont-ils été sciemment visés par un avion du président Gbagbo ? Sept ans après les faits, les survivants, et les proches des victimes, ne le savent toujours pas. Entravée dès le départ, l’enquête diligentée par la justice française, suite à une plainte contre X pour assassinat et tenta