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Libération
Reportage

Grèce : «Tous des bonimenteurs»

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Les Grecs accablent davantage leur classe politique que l’Europe et son plan d’austérité.
Un retraité durant une manifestation à Athènes. (REUTERS)
publié le 5 novembre 2011 à 0h00

Longtemps, la boutique de monsieur Christakis a fait figure d'institution à Athènes. Toute la bourgeoisie grecque, mais surtout la classe politique, se bousculait chez le célèbre tailleur qui confectionne chemises et costumes sur mesure. Un magasin à l'ancienne, où un chef vendeur accueillait les clients et les installait dans des fauteuils club, alors qu'on leur présentait les échantillons de tissus venus d'Angleterre. «J'ai confectionné des chemises pour Constantin Caramanlis [Premier ministre après le retour de la démocratie en 1974, ndlr], mais aussi pour le chef de la junte des Colonels qui l'avait précédé pendant la dictature», s'enorgueillit encore le tailleur nonagénaire en évoquant un âge d'or révolu, «l'époque où nous avions de vrais hommes d'Etat».

«Girouettes». Désormais, la petite boutique est vide, les clients ont déserté les lieux, et les vendeurs tuent le temps en parlant de politique, affalés sur les fauteuils. A écouter les conversations désabusées du personnel, les politiciens grecs semblent désormais plus enclins à retourner leur veste qu'à se faire confectionner des chemises. «Là-bas, indique le chef de l'équipe des vendeurs, en regardant vers l'Assemblée nationale située à une centaine de mètres, il n'y a que des irresponsables. Des girouettes qui nous annoncent un matin des mesures qu'ils refusaient de prendre la veille.» Une allusion claire à la politique erratique du chef du gouvernement gr