Près de 2 millions de musulmans sont attendus à La Mecque ce week-end pour le Hadj, le pèlerinage qui culmine samedi avec le stationnement à Arafat. Anne-Laure Dupont, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris-Sorbonne, explique le déroulement de cette aventure depuis ses débuts.
Quelle est l’origine du pèlerinage ?
Le temple de La Mecque - la Kaaba - et ses environs étaient déjà des lieux de pèlerinage avant l'islam. La révélation coranique en fait la maison de Dieu, où les croyants doivent se rendre au moins une fois dans leur vie. Des pratiques anciennes (circumambulations, stations d'adoration, sacrifices d'animaux…) furent affectées d'un nouveau sens relié à la tradition abrahamique. Il existe deux rituels : la Omra s'accomplit à tout moment de l'année dans le sanctuaire de la Kaaba (Haram) ; le Hadj a lieu au douzième mois de l'année lunaire (dhou al-hidja), du huitième au douzième ou treizième jour, le sommet étant la station à Arafat le neuvième jour [ce samedi cette année, ndlr]. Ces rituels peuvent être couplés à une visite pieuse au tombeau du Prophète, à Médine.
Institué dès les débuts de l’islam, le pèlerinage ne cessa d’encourager la mobilité à l’intérieur du monde musulman et contribua puissamment à son unification morale. Les villes saintes sont aussi un enjeu de pouvoir. Dans les années 20, par exemple, à la chute de l’Empire ottoman, elles furent âprement disputées par deux princes arabes, le chérif Hussein al-Hachimi (ancêtre de l’actuel roi