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Libération
Reportage

La nouvelle Libye en mal de cadres

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Dans le privé comme dans le public, l’épuration des kadhafistes tarde, notamment au sein du secteur pétrolier, sensible.
A Tripoli. (REUTERS)
publié le 5 novembre 2011 à 0h00

Mohamed Swaïd, 65 ans, est en colère. A sept mois de la retraite, ce responsable de formation à la Compagnie de pétrole de Syrte (Libye) ne tolère pas que plusieurs directeurs de son entreprise soient restés à leur poste. «La révolution ne sera pas finie tant que ces gens corrompus seront encore là. Le fait même qu'ils n'aient pas été renvoyés invalide notre mouvement», explique-t-il. Pour lutter contre cette «trahison» des nouvelles autorités libyennes, Mohamed Swaïd et ses collèges ont utilisé une arme inconcevable sous le régime Kadhafi : la manifestation. Fin octobre, ils étaient une petite centaine à se diriger sous la pluie vers la Compagnie nationale du pétrole (CNP), qui fait office de ministère. Sans qu'aucun garde n'ose intervenir, ils ont pénétré dans le luxueux bâtiment aux vitres teintées de bleu, en plein centre de la capitale. «Levez vos têtes, vous les Libyens libérés ! Nous manifesterons demain, après-demain, tant qu'il le faudra !» chantaient les meneurs de la manifestation. «Allah ou akbar !» répondaient les employés et les cadres en chemisette et pantalon bien repassés.

Preuves. Observant la scène, les responsables de la CNP ne semblaient pas choqués. «Il est vrai qu'un certain nombre de leurs dirigeants sont restés en place après la révolution. Mais il faut du temps pour mettre en place un nouveau système. Nous avons besoin de recueillir des preuves contre ceux qui étaient corrompus», expliquai