Diego Avila s’est écroulé sur la chaussée de Villa Fiorito, une localité de la province de Buenos Aires qui empile les maisonnettes de briques et de tôles à flanc de colline. Une balle de 9 millimètres vient de lui fracasser le crâne. En compagnie d’une poignée de pillards, il tentait de mettre à sac une petite épicerie de son quartier.
Ce matin du 19 décembre 2001, les policiers présents sur les lieux jurent qu’ils ont vu le propriétaire du magasin tirer sur le groupe du haut d’une terrasse voisine. Ils ne sont pas intervenus. A quelques jours de Noël, l’Argentine est alors à feu et à sang. Buenos Aires, Rosario, Cordoba, Santa Fe, Mendoza, toutes les grandes villes sont confrontées à des émeutes de la faim. Le pays, qui a subi de plein fouet les politiques néolibérales des années 90, est exsangue. Les privatisations d’entreprises publiques ont laissé des centaines de milliers de travailleurs sur le carreau. Le maintien d’une illusoire parité, à un pour un, entre le peso et le dollar a pénalisé les exportations nationales et la monnaie locale finit par être dévaluée de 70%, ruinant des milliers de petits épargnants. Le Produit intérieur brut (PIB) est en chute libre, le déficit public un puits sans fond. L’inflation flirte avec les 125% annuels et l’insupportable dette extérieure - 72 milliards d’euros - plombe toute velléité de reprise.
Etat de siège
Le Fonds monétaire international (FMI) va lâcher les Argentins et leur refuser un nouveau crédit. Les retraits