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Libération

En Turquie, les 26 violeurs de N.C., 12 ans, condamnés au rabais

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publié le 8 novembre 2011 à 0h00

Elle ne peut toujours pas oublier. «Elle ne dort plus, alors elle travaille d'arrache-pied pour réussir au concours d'entrée à l'université», explique Leman Yurtsever qui a accueilli N.C. à Istanbul. Derrière ces initiales, une jeune fille de 22 ans, héroïne malheureuse d'un scandale juridique qui secoue la Turquie. C'était en 2002. Cette jeune fille de Derik, près de Mardin (sud-est), à majorité kurde, avait été retenue de force par deux femmes ayant servi de rabatteuses et 29 hommes - dont deux officiers de gendarmerie, le directeur de cabinet du sous-préfet, un maire, le président de la chambre agricole, le directeur adjoint de l'école primaire - qui l'ont «sexuellement abusé», selon le nouveau terme juridique d'un code pénal révisé pour se mettre aux normes européennes.

Le procès a duré plus de neuf ans et la Cour de cassation, dans un arrêt dont les motivations ont été rendues publiques il y a une semaine, a condamné 26 agresseurs à des peines allant… de 1 à 4 ans de prison ferme. Trois hommes ont été acquittés. Les deux femmes ont été condamnées à 9 ans pour «séquestration» et «proxénétisme». Estimant que «N.C. était au courant de ce qu'elle risquait en se rendant auprès de ces hommes et pouvait refuser», les juges ont même raccourci les peines. Et reconnu les antécédents de bonne conduite des inculpés, dont certains ont assuré «avoir payé la jeune fille», alors âgée de 13 ans.

Ce jugement a scandalisé le pays. «Il m'a profondément dérangé»