Personne ne s'en doute, heureusement, dans l'élégant café de Bethesda, une banlieue chic de Washington où il a donné rendez-vous : la semaine dernière encore, David Remes était à Guantánamo pour rencontrer les plus dangereux des terroristes, ou du moins ceux considérés comme tels. C'était sa 40e visite environ sur la base américaine de Cuba. Pas de drame cette fois-ci, pas comme en mai 2009, quand un de ses clients s'était tailladé les veines, tandis qu'ils parlaient, pour lui jeter son sang à la figure. Mais le voyage s'est mal passé : «Comme d'habitude, j'avais annoncé ma visite au ministère de la Défense mais, sur place, les autorités n'étaient pas prévenues. Je n'ai pu voir qu'un seul de mes clients, Shaker Aamer, le dernier résident britannique encore reclus à Guantánamo. Shaker m'a remercié pour un livre que je lui ai envoyé,1984 de George Orwell. Il l'a déjà lu deux fois et s'apprête à le relire encore. La prochaine fois, je lui apporterai Fahrenheit 451, Rapport Minoritaire, ou d'autres romans contre-utopiques. Car il vit vraiment dans une dystopie.»
Sur le fond de ses entretiens avec les détenus, David Remes n’a pas le droit d’en dire beaucoup plus : à chaque retour de l’île, les avocats doivent faire relire leurs notes par une commission spéciale qui détermine ce qu’ils peuvent communiquer. Même à leurs clients, ils n’ont pas le droit de divulguer les preuves réunies contre eux.
De tous les avocats qui travaillent à Guantánamo, Remes est certainem