Admise le 31 octobre à l’Unesco, la Palestine n’a aucune chance d’être reconnue par l’ONU dans les semaines, voire les jours qui viennent en raison de l’opposition déclarée des Etats-Unis. Julien Salingue nous explique les enjeux de cette affaire pour la direction et la population palestiniennes.
Le discours à l’ONU, fin septembre, du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait provoqué la liesse à Ramallah. Rien pour le vote de l’Unesco. Pourquoi ?
Les Palestiniens savent que cela ne va pas changer leurs conditions de vie et que ce vote est d’abord symbolique. Cela a été une opération de com réussie par l’Autorité palestinienne qui sait qu’elle n’obtiendra pas son statut d’Etat membre à l’ONU. Il lui fallait au moins une victoire… Ce que je retiens aussi du vote, c’est qu’il n’y a eu que 107 voix «pour» alors qu’Abbas prétendait en avoir «sécurisé» 130 ! Bref, la population palestinienne n’est pas dupe. Quant à la joie à Ramallah quand Abbas parlait à l’ONU, il ne faut pas se leurrer, les choses étaient bien organisées : jour de congé aux fonctionnaires, bus affrétés depuis les écoles…
La décision de l’Unesco change quoi ?
Elle peut permettre de faire reconnaître un patrimoine culturel palestinien, de protéger des lieux saints menacés par le mur ou la colonisation, d’interroger l’exploitation touristique d’une partie de ces sites qui, pour l’heure, est assurée par les Israéliens… Mais tout cela demeure, à l’échelle du conflit, marginal. Et le petit «état de grâce» est déjà fini puisque les Américains ont réaffirmé qu’ils mettraient leur veto à l’ONU. En coupant les crédits à l’Unesco pour les punir d’avoir reconnu la Palestine, ils montrent qu’ils veulent continuer