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TRIBUNE

«Processus de paix», une expression vidée de sens

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par Rana Nashashibi, Palestinienne de Jérusalem, enseignante et militante associative
publié le 9 novembre 2011 à 0h00

Pour quelles raisons le monde n’œuvre-t-il pas à définir la notion de paix loin de la dualité guerre-paix ? Le concept de paix demeure bel et bien enfermé dans la définition suivante : accord pour mettre fin à des hostilités. Et pourtant, en dépit de la déclaration universelle des droits de l’homme, des instruments mis en place afin de prévenir les guerres et surtout de la création de l’Organisation des Nations unies et de ses agences spécialisées, le monde demeure déchiré par la guerre. Pourquoi ne cherche-t-on pas d’abord à poser des bases concrètes afin que la paix devienne une réalité susceptible de rayonner sur la vie de l’homme et non une expression vidée de tout contenu réel ? C’est bien le sort de ce que l’on appelle «le processus de paix au Moyen-Orient», un processus qui a perdu à ce point tout contenu et tout sens que moi, Palestinienne, j’en suis venue à détester cette expression.

D’abord, parce qu’elle est bâtie sur le concept de concurrence déloyale, créant l’illusion de deux parties, sur un pied d’égalité, en situation de guerre. La paix consisterait donc à mettre fin aux hostilités entre ces parties. La réalité est très différente. Israël n’est pas en état de guerre avec les Palestiniens, c’est la puissance occupante. Israël gère les relations avec les territoires palestiniens, sa terre et son peuple, en tant qu’Etat colonial. En tant que puissance coloniale, Israël cherche à usurper les ressources du pays et ne veut aucune relation avec le peuple palestinien.