C'est une bien étrange et grave erreur que commet l'ancien ministre français des Affaires étrangères. Aux yeux d'Hubert Védrine, il y aurait deux fédéralismes, un «fédéralisme économique», d'un côté, avec lequel il se dit «d'accord» dans l'interview qu'il a accordée la semaine dernière (1) à Libération et, de l'autre, un «système que l'on ne sait comment définir» mais qui demanderait de «vraies délégations-abandons de souveraineté» et contre lequel il s'insurge, au nom de la démocratie.
Le premier serait «compatible avec la légitimité et la responsabilité démocratiques» car il n'implique qu'une «souhaitable harmonisation des politiques économiques» européennes alors que le second, estime-t-il, «risquerait de nous faire entrer dans une Europe postdémocratique» en dotant la zone euro «d'un ministre des Finances ou de l'Economie, voire, pour après-demain, d'un exécutif» commun.
On lit. On relit avec toute l’attention que mérite un homme aussi pénétrant et précis qu’Hubert Védrine mais, désolé de le lui dire, la vérité est exactement à l’inverse de ce qu’il dit.
Que se passera-t-il, en effet, lorsque les 17 pays de la zone euro auront achevé d'intégrer - c'est en cours - leurs politiques économiques ? La réponse est claire. C'est précisément à ce moment-là qu'ils auront accouché d'une «postdémocratie» puisqu'une politique économique commune s'imposera aux peuples de ces 17 pays et, par ricoche