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grand angle

Egypte. Un blogueur dans le viseur de l’armée

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Au Caire, Maikel Nabil, un pacifiste de 26 ans à l’influence pourtant limitée, a été incarcéré pour «insulte» aux militaires sur le Web. Depuis la chute de Hosni Moubarak, la liberté d’expression n’a pas progressé.
publié le 10 novembre 2011 à 0h00

«Je préfère mourir que de vivre dans un Etat où le moindre propos t'envoie en prison !»L'auteur de cette phrase est égyptien, il ne pèse plus que 40 kilos et pourrait bien succomber derrière les barreaux. A 26 ans seulement.

Incarcéré en avril, en grève de la faim depuis le 23 août, Maikel Nabil a été transféré en hôpital psychiatrique le mois dernier dans la périphérie du Caire en attendant un nouveau procès. Son «crime», il l'a commis le 8 mars : un billet acide, posté sur son blog et toujours en ligne(www.maikelnabil.com). Dans ce texte, il écrit que «l'armée et le peuple n'ont jamais été une seule main», phrase qui détourne l'un des maîtres slogans de la place Tahrir glorifiant l'Egypte unie, civile et militaire, contre le despote Moubarak. «La chute du dictateur ne signifie pas la fin de la dictature», écrit Maikel Nabil dans cette longue diatribe où il recense, témoignages et articles de presse à l'appui, tout ce qui, à ses yeux, prouve que «l'armée n'a fait que défendre ses intérêts». Le jeune homme a participé activement à la révolution. Mais voilà qu'il ose accuser les militaires d'avoir fait usage de la violence et même de la torture contre les protestataires.

Premier accroc

On n'écorne pas impunément un mythe national. Le 10 avril, le tribunal militaire a condamné Maikel Nabil à trois ans de prison pour «insulte à l'armée» et «atteinte à la sûreté de l'Etat par diffusion d'informations erronées».