Menu
Libération
TRIBUNE

Au nom du blasphème, Asia Bibi condamnée

Article réservé aux abonnés
par Anne-Isabelle Tollet, Ecrivaine, journaliste et Philippe Robinet, Editeur
publié le 14 novembre 2011 à 0h00

De la revendication du «droit absolu au blasphème» affirmée en soutien à Charlie Hebdo à la polémique sur le «symbole du Christ» qui doit selon plusieurs catholiques être «respecté par les artistes», le blasphème est au centre des débats en France. Au Pakistan, la loi qui l'interdit vaut à certains de mourir.

Au nom de cette loi «antiblasphème», Asia Bibi, une mère de cinq enfants, a été condamnée à mort par pendaison il y a un an. Triste anniversaire pour cette femme qui croupit dans une cellule microscopique, sans fenêtre, dont elle peut toucher les murs de part et d’autre simplement en écartant les bras. Son crime : avoir bu de l’eau dans le puits de ses amies musulmanes alors qu’elle est chrétienne.

La loi sur le blasphème date de 1885. Elle a été inscrite dans la Constitution indienne par les Anglais. Au moment de la partition avec l’Inde en 1947, le fondateur et premier président du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah, l’a retirée pour que le Pakistan soit un Etat laïc. Mais à son arrivée au pouvoir en 1986, le général Zia ul-Haq l’a réintroduite en la durcissant et en renforçant les peines pour défendre l’islam contre toutes offenses. A présent, cette loi est devenue le pire instrument de répression religieuse qui existe, une arme redoutable pour les islamistes pakistanais. Plus de mille personnes ont déjà été accusées de blasphème, essentiellement des musulmans !

Si le Pakistan a des allures de pays démocratique et laïc, dans les faits, les