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Libération
De notre envoyé spécial

Avec l’armée des déserteurs syriens

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Anciens officiers aux ordres de Bachar al-Assad, ils ont refusé de réprimer le peuple et ont rejoint la rébellion. Depuis, ils se terrent au Liban et forment des bataillons de fortune.
Image de Youtube montrant des manifestants anti-Bachar Al-Assad à Daraa le 11 novembre 2011. (© AFP photo AFP)
publié le 14 novembre 2011 à 0h00

Le capitaine Abou Farer porte une grenade sur lui. Pour se défendre, mais surtout pour s’en servir, le cas échéant, contre lui-même s’il se voit sur le point d’être pris. Pour avoir servi vingt-neuf ans dans Amn al-Jeish, les services secrets de l’armée syrienne, il sait qu’il ne résistera pas à la torture et parlera. Or, assure-t-il, il est l’un des trois fondateurs des Officiers libres,

l’ébauche de ce qui est devenu l’Armée syrienne libre, où il s’occupe des renseignements. Pour le moment, il se cache au Liban, dans la région de Wadi Khaled, une sorte de bec qui s’enfonce dans le ventre de la Syrie. Il s’y sent toujours dans la peau d’un fugitif, changeant sans cesse de planque, inquiet à la fois des services de sécurité du pays hôte et des forces syriennes, qui multiplient les incursions au Liban pour traquer les opposants.

Dans un autre village, Hassan Abou Ali, naguère sergent au bataillon 176 de la 11e division, ne se sent pas en sécurité et s'enfuit dès qu'on l'avertit de la présence d'une voiture suspecte. Il arbore un étrange tatouage à l'épaule, un point entouré d'un demi-cercle que ses supérieurs, des officiers alaouites, ont imposé aux sous-officiers sunnites, sans doute pour pouvoir les identifier. Avant de faire défection, le 21 septembre, il a beaucoup participé à la répression. Le transfuge attend aujourd'hui l'ordre de partir se battre contre l'armée qu'il servait jusqu'alors.

Contrebandiers. Wadi Khaled, c'est le principal refuge d