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Grand angle

Mississippi, le sursaut du démon

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Le meurtre d’un ouvrier noir, en juin, roué de coups et écrasé par un jeune Blanc, ravive le passé d’un Etat marqué par les violences raciales.
publié le 15 novembre 2011 à 0h00

Devant le Metro Inn, il ne reste qu'une couronne de fleurs fanées, posée à même le bitume. Planté au ras de la highway 20, dans le sud de Jackson, la capitale du Mississippi, le motel de seconde zone est presque vide, malgré des prix qui défient toute concurrence : des chambres à 149 dollars (109 euros) la semaine. «Pour moi, cette histoire est une catastrophe, se lamente le propriétaire, un Indien du nom de Val Patel. Il faut arrêter d'en parler. C'est très mauvais pour tout le monde et c'est très mauvais pour le Mississippi.»

De plein fouet

C'est là, aux petites heures du matin, dimanche 26 juin, que sept adolescents ont fait irruption sur le parking, à bord de deux voitures. Selon l'enquête de la police, le leader du groupe, Deryl Dedmon, 19 ans, un blond aux yeux bleus, avait décidé à la fin d'une fête de faire une virée «pour aller emmerder des négros». Les jeunes avaient quitté le comté voisin de Rankin, presque exclusivement blanc, pour se diriger vers l'ouest et vers Jackson, majoritairement noir. Ils ont emprunté l'autoroute, et sont sortis à la première bretelle, qui donne sur le Metro Inn. Ils ont alors aperçu James Craig Anderson, un ouvrier du secteur automobile de 49 ans. Ce dernier semblait avoir du mal à ouvrir la portière de son véhicule. Ils se sont arrêtés et l'ont pris à partie, avant de le rouer de coups pendant plusieurs minutes. L'une des caméras de sécurité de l'hôtel montre James Craig Anderson titub