Le ministère des Affaires religieuses de Benghazi est un délire de cimentier qui domine la mer avec, en son cœur de béton, un coran de marbre de trois tonnes. Nommé à sa tête par le Conseil national de transition (CNT), le cheikh Meftah Ameur al-Farjani, 52 ans, est monté dernièrement en grade de manière vertigineuse. Le voilà au sixième étage. Avant la révolution, le religieux était affecté «au pool des secrétaires», au premier, accusé sous le régime de Kadhafi, du moins c'est ce qu'assurent ses détracteurs à Benghazi, d'avoir puisé dans la caisse des quêtes. De retour en grâce, le cheikh Al-Farjani a pris de la hauteur et a immédiatement banni le maquillage chez les secrétaires.
Il se présente lui-même comme «un homme simple», qui aime citer les proverbes et utilise un langage fleuri pour parler de la réputation «salafiste» de Benghazi et de sa région : «Le peuple libyen est modéré par nature et le salafisme ne représente qu'une goutte d'eau dans l'océan de la pratique religieuse. C'est vraiment très exagéré, car il y a beaucoup trop de fantasmes chez les Occidentaux sur la supposée présence d'Al-Qaeda, par exemple dans l'est du pays. Les Occidentaux ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas et font beaucoup de bruit sur les armes et l'islam depuis la fin de la guerre.»
Flou. Le cheikh s'assure lui-même que, chaque vendredi, les imams de la région de Benghazi «répètent aux fidèles de remettre leurs armes maintenant que