Des patients faisant la queue, la clavicule cassée, le péroné fracturé ou, pire, dans l'attente anxieuse d'une opération du cœur ; des sexagénaires trépignant d'impatience pour une intervention urgente. A tous, il a fallu dire : «Désolé, messieurs dames, les salles d'opération sont fermées, il n'y a pas de chirurgiens !» Cela s'est passé cet été, en Catalogne. Sur les mille 1000 lits que compte l'hôpital Vall-d'Hebron, à Barcelone, 400 ont été supprimés. Les autorités locales pensaient que la période estivale serait le moment propice pour réduire la voilure de l'activité. Grossière erreur : c'est le chaos. Des personnes âgées hurlent leur révolte, des malades sérieusement atteints sont laissés sur le carreau.
Dès la rentrée, des manifestations se sont succédé à travers toute la Catalogne : infirmières, auxiliaires ou simples citoyens ont battu le pavé pour protester contre les retallades, les coupes claires dans le secteur de la santé - une prérogative régionale. Depuis janvier, avant que d'autres ne lui emboîtent le pas, cette riche région a décidé de réduire de 10% ses dépenses sanitaires.
Au nord de Barcelone, en bordure d'une rocade à la sortie de la ville, l'hôpital du Vall-d'Hebron en impose. Entre d'élégants pins maritimes se dressent des bâtiments hauts et massifs en brique et en ciment datant des années 60. Une «ville dans la ville» où travaillent 7 000 sanitarios, dont 800 chercheurs.
«On a toujours dit que cet endroit était trop grand