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En Italie, les experts à la barre

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A la tête d’un gouvernement technique «d’engagement national», Mario Monti a promis des réformes profondes, au besoin impopulaires, dans une quasi-unanimité.
par Eric Jozsef, Rome, de notre correspondant
publié le 18 novembre 2011 à 0h00

«Le Parlement est le cœur palpitant de toute politique gouvernementale.» Détaché de sa présidence de l'université Bocconi de Milan pour former, en soixante-douze heures, un gouvernement sans élus et soutenu largement par un Parlement qui se retrouve quasiment sans opposition, l'économiste Mario Monti a, dès son discours d'investiture, hier midi, tenté de minimiser l'anomalie. Il a ainsi voulu rassurer et souligner que son exécutif, quoique composé de techniciens et désigné sans passer par des élections, restait sous la tutelle des deux Chambres. L'ex-commissaire européen a aussi fait assaut d'humilité pour dire qu'il ne « conçoit pas (s)on service de l'Etat avec l'attitude hautaine de l'expert qui voudrait montrer l'absolue supériorité de la technique sur la politique». Mais, a-t-il justifié, il y a «une urgence sérieuse» pour l'Italie, dans le viseur des marchés et en manque de crédibilité internationale. D'où ce «gouvernement d'engagement national» pour adopter des réformes profondes dont certaines sont impopulaires au point qu'aucune majorité n'est parvenue jusqu'à présent à les imposer au pays.

«Super Mario». Dans un discours d'une quarantaine de minutes savamment dosé, le nouveau président du Conseil a ainsi garanti que son gouvernement orientera son action dans trois directions : «rigueur», «croissance» et «équité». Il a prôné le dialogue avec toutes les composantes politiques et sociales, mais a averti qu'il