Virgilio, 8 mois, babille joyeusement. Il est entré dans le Mercado Incarnacion en voiture. Ou plutôt en poussette, accompagné par ses parents. A 22 h 30, la famille, entre deux rendez-vous bières-tapas, est venue voir ce qui se passait dans le marché couvert situé en plein centre de Séville, à un jet de pierre de «l'œuvre d'art» de l'architecte allemand Jurgen Mayer. Ces six champignons de bois et de ferraille de 28 mètres de haut qui enlaidissent la capitale andalouse, sont devenus le point de ralliement des Indignés locaux. «Parce que ça a coûté très cher aux contribuables, nous avons décidé de nous approprier cet espace public», explique Pilar, du mouvement «Democracia real, ya» (La démocratie réelle maintenant !). Dans la foulée, le marché, qui était laissé à l'abandon, est occupé depuis le 20 octobre.
Ordinateur en bandoulière. Au milieu de la halle, entre une ancienne échoppe de poissonnier qui a conservé ses azulejos (petits carreaux de faïence) et un «point propreté» au slogan sans ambiguïté («Ne salissez pas nos rêves»), une trentaine de personnes est assise en rond. Quelques Indignés de Séville sont venus écouter les conseils de ceux qui occupent déjà des lieux publics à Malaga ou à Cadix. «Attention, soyez fermes : ne laissez pas entrer drogue et alcool», conseillent les «autonomes» de Cadix qui font circuler dans le groupe le règlement intérieur qu'ils ont concocté pour l'ancien hôpital qu'ils occupent