Le 5 octobre 1952, la France bat l’Allemagne 3-1 à Colombes. C’était le premier match de foot entre les deux pays depuis la fin de la guerre. Un ancien déporté s’est présenté au stade en pyjama rayé. Il s’était passé pas mal de choses depuis la précédente rencontre (victoire de l’Allemagne le 21 mars 1937 à Stuttgart) : la guerre, la Shoah, l’écroulement du Reich, mais aussi, toujours et encore, des compétitions sportives. Car diverses «disciplines» ont continué d’avoir cours, dans les stades comme dans les camps, pour l’idéologie mais aussi pour la liberté, pour la propagande comme pour la lutte. Au point que les images sportives de ces années-là soulèvent des sentiments violemment ambivalents : le Mémorial de la Shoah s’est lancé dans un voyage incertain en cherchant à montrer «le Sport européen à l’épreuve du nazisme».
«Complexité». L'exposition confronte le visiteur à un magma de signes et d'icônes qui le mettent immédiatement mal à l'aise ; d'autant que l'affiche de l'événement montre une jolie fille assez légèrement vêtue, et que cet érotisme soft, peu courant au Mémorial, ne fait rien pour résoudre les ambiguïtés.
Le commissaire Patrick Clastres, du centre d'histoire de Sciences-Po, en convient : «C'est une exposition de la complexité.» On se donnera deux bonnes heures pour traverser ce terrain miné - deux salles truffées de photos, textes, objets et documents divers -, sans quoi l'on risque d'en sortir avec des idées passablement confuses.
Evid