Il a fini par se détendre en toute fin de campagne électorale. Emporté par l'euphorie des sondages qui donnaient unanimement son Parti populaire (PP, droite) largement vainqueur des législatives, Mariano Rajoy sautait même de joie sur les estrades de ses derniers meetings en affirmant qu'il «était prêt à diriger le gouvernement» espagnol. Le chef du PP, qui a effectivement écrasé hier le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, au pouvoir) avec 187 sièges aux Cortes Generales (Parlement), contre 109 pour le PSOE, selon des résultats partiels, remporte la majorité absolue.
Il savoure aujourd’hui le fruit d’une longue attente. Lors des élections générales de 2004 et alors que les sondages lui donnaient une courte majorité sur le socialiste José Luis Zapatero, une grossière tentative de manipulation de l’opinion par son mentor, le chef du gouvernement de l’époque, José Maria Aznar, qui l’avait désigné comme successeur, lui avait coûté la victoire. A trois jours des élections, Aznar avait attribué les sanglants attentats islamistes du 11 mars (193 morts et 1 800 blessés à la suite d’attaques à la bombe dans des trains de banlieue en gare de Madrid) au groupe terroriste ETA pour tenter d’influer sur le scrutin. Les électeurs indignés ont réagi en votant socialiste. En 2008, Rajoy perdait à nouveau contre Zapatero.
Mais le nouvel homme fort espagnol ne manque pas de ténacité et a surfé sur l'image rassurante qu'il s'est forgée dans une Espagne rongée par la crise économique