Ce que redoutaient la magistrature et le barreau tripolitains est arrivé samedi. Que faire de Saïf al-Islam Kadhafi, qui passe pour le Conseil national de transition (CNT) comme l'ultime prise de guerre que réclame la Cour pénale internationale (CPI) ? La rue l'a déjà jugé : c'est la mort. «Qu'on le découpe», dit ce type qui klaxonne furieusement sur l'avenue Omar-Mokhtar, menant à l'ex-place Verte.
Omar Mefteh Kara, 62 ans, conseiller à la Cour suprême, porte le masque de la supériorité. Ses collègues magistrats disent qu'il est «un juriste de haut vol». Sur le front, à Syrte, deux de ses fils ont été blessés, dont l'aîné de 27 ans qui est, depuis, paraplégique.
Omar Mefteh Kara ne laisse rien filtrer du moindre sentiment de vengeance. De ses lèvres minces ne sortent que des phrases coupantes : «Je raisonne en juriste, et non en père, sur le cas de Saïf al-Islam. Quand bien même nous serions capables de le juger, nous ne pourrions à aucun moment lui assurer une sécurité totale. Le pays n'est pas du tout stable, et prétendre aujourd'hui à un procès équitable est totalement déraisonnable. Il peut être tué dans sa cellule ou lors d'un transfert. C'est cela que nous voulons, le tuer ?» Et de poursuivre : «La Libye a été gouvernée par la peur pendant quarante-deux ans. Aujourd'hui, elle est gouvernée, et je peux le comprendre, par le ressentiment. Mais juger un homme sur ce critère va l'exposer à un procès tronqué, à une mort certaine. Cela risque d'