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Libération
De notre envoyé spécial

«Les militaires sont pires que Moubarak»

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Depuis samedi, les manifestants du Caire ont repris le chemin de la place Tahrir pour protester contre le pouvoir.
Des policiers avancent vers les protestants, place Tahrir, lundi 21 novembre et s'apprêtent à lancer des grenades lacrymogènes. (REUTERS)
publié le 22 novembre 2011 à 0h00

La nuit tombe place Tahrir, la foule se densifie. Malgré trois jours d'affrontements, plus de trente morts et des milliers de blessés, les Cairotes continuent d'affluer vers le centre de la contestation égyptienne. Pour pénétrer sur la place, il faut au préalable passer un semblant de barrage, tenu par de très jeunes gens. «Pour vérifier qu'il n'y ait personne des services de l'Etat», explique un adolescent. Sur la place aux deux tiers remplie, l'ambiance est agitée mais pas insurrectionnelle. Ça et là, de petits groupes installent des tentes, bavardent autour d'un thé ou font leur prière. Beaucoup d'hommes, un peu moins de femmes, presque aucun enfant. Hier, contrairement aux jours précédents, l'armée n'a pas tenté d'évacuer les lieux, mais des lacrymogènes ont été lâchés, provoquant à chaque fois des mouvements de panique.

«Dégage !» C'est à proximité d'anciens locaux de l'université américaine que les protestataires sont les plus véhéments. «Dégage !» «Le peuple veut la chute de Tantaoui.» Des slogans analogues à ceux chantés en janvier, à la différence que ce n'est plus Hosni Moubarak mais l'armée et son chef d'état major qui sont visés. Si la foule est plus concentrée à cet endroit, c'est que cette partie de la place donne sur la rue Mohammed-Mahmoud, où se trouve le ministère de l'Intérieur, 500 m plus loin. Dans cette artère très étroite, depuis quarante-huit heures, des affrontements très violents opposent sans discontinuer les révol