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Libération
grand angle

Bani Walid La ville où Kadhafi est martyr

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Dévastée par les bombardements de l’Otan, tenue à l’écart par les rebelles qui ne la contrôlent qu’à distance, la cité libyenne, entretient sa flamme kadhafiste et rêve ouvertement de revanche.
publié le 23 novembre 2011 à 0h00

Il n’y a plus rien d’intact sur ce mamelon ocre qui est tombé le 11 octobre après deux mois de siège. Et pourtant Bani Walid, à 170 km au sud au Tripoli, brûle toujours pour le colonel Kadhafi sous la cendre des combats. Un panneau métallique dentelé par les tirs «Tous avec toi, Guide de notre Révolution» a résisté aux assauts des rebelles à mi-pente du lacet qui conduit à la mosquée dont le minaret semble étoilé par les impacts de balles.

Il n’y a plus rien à Bani Walid : ni vent, ni banque, ni commerce, ni hôtel, ni administration, juste un café-épicerie avec des types épuisés et silencieux. Le cœur de Bani Walid s’est arrêté net comme la fabrique de tapis en moquette à l’effigie du Guide. Ils servent maintenant de paillasson aux Tripolitains.

La nouvelle révolution a relégué ici dans l’oubli la précédente. L’aigle noir, symbole de Kadhafi, a été arrêté dans son vol de ferraille par des milliers de douilles de cuivre qui jonchent le macadam. A la sortie sud, une futaie de charpentes brisées et des tôles qui miaulent. De la caserne pulvérisée par les bombardements, qui s’étendait sur 10 hectares, à quatre kilomètres à la sortie nord la ville, il ne reste que les blocs sanitaires. Les rebelles, qui ont fait le siège de Bani Walid, ont ensuite achevé le travail au mortier et à la mitrailleuse lourde dans le centre-ville : chaussées crevassées, vitres éclatées, persiennes à lames de fer tordues par les tirs et gouttières désarticulées dont aucun chat ne voudrait. Saïf al-Islam,