Sous un soleil d'hiver, des dizaines de journalistes, d'universitaires, d'activistes des droits de l'homme et d'observateurs étrangers étaient rassemblés hier devant la 16e cour d'assises d'Istanbul en signe de solidarité avec les journalistes inculpés. Des pancartes et banderoles en turc et en anglais défendent la liberté de presse : «Une société ne peut être libre qu'avec une presse libre.» Les amis des journalistes portent un tee-shirt sur le quel est imprimé la photo d'un journaliste qui a des lunettes en forme de menottes…
C'est un procès de médias comme la Turquie en avait connu beaucoup dans les années 80 et 90, mais tous espéraient cette époque révolue. Et cette fois, parmi les neuf journalistes inculpés, tous accusés d'appartenir à «l'organisation terroriste Ergenekon», figurent deux célèbres reporters d'investigation Ahmet Sik et Nedim Sener, lauréat 2010 de l'Institut international de la presse, passibles d'une peine allant jusqu'à quinze ans de prison (Libération du 12 octobre). Ces deux journalistes, mis en cause pour leurs seuls écrits, avaient en outre été les premiers à mettre en lumière les activités de ce réseau ultranationaliste soupçonné d'avoir voulu créer, par des attentats, le climat favorable à un coup d'Etat. D'où l'absurdité des accusations, mais la cour a refusé leur mise en liberté provisoire. La prochaine audience aura lieu le 26 décembre.
En fait, Ahmet Sik dans un livre intitulé l'Armée de l'imam