Des dizaines de visages figés regardent la foule, un sourire paternaliste vissé aux lèvres. Dans le centre d’Assiout, ville d’un demi-million d’habitants en Haute-Egypte, les photographies des candidats aux législatives sont affichées partout : sur les murs, entre deux lampadaires, sur des pare-brise arrière. Aucun slogan ne figure sur les bannières mais seulement le nom des candidats, assorti d’un symbole. Une grappe de raisin, un crocodile, une carabine… des dessins qui permettront aux électeurs illettrés de pouvoir voter, à partir de lundi. La plupart des candidats sont encore des inconnus : ils font leurs premiers pas en politique à l’occasion de ce scrutin, le premier organisé en Egypte depuis la chute d’Hosni Moubarak, en février. D’autres, en revanche, arborent un nom familier. Omar Gelal Haridi, Ahmed Shalatout ou encore Mohamed Desouki… ces hommes ont un point commun : ils étaient députés à l’Assemblée du peuple avant qu’elle ne soit dissoute, emportée par la révolution. On les appelle des «feloul».
En arabe, feloul signifie résidu. C'est le terme communément employé pour désigner les membres du Parti national démocratique (PND), la formation de l'ex-raïs, dissoute au printemps. Fonctionnant davantage comme un club, dont les membres défendaient leurs intérêts, que comme un parti politique, le PND comptait trois millions de membres, notables locaux et businessmen pour la plupart. Avant la révolution, 15 000 d'entre eux étaient des hommes politiques ou occupai