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Libération
Enquête

Des militaires égyptiens à la musette bien garnie

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Après avoir forcé Moubarak à démissionner, l’armée manœuvre pour conserver son pouvoir politique et sa mainmise sur l’économie du pays.
publié le 28 novembre 2011 à 0h00

L'armée égyptienne s'accroche à son empire. Le visage malheureux plutôt que grave, dans sa tenue de soldat et non son costume de maréchal, c'est en patriote blessé que le chétif Mohammed Hussein Tantaoui, chef du Conseil supérieur des forces armées égyptiennes (CSFA), s'était adressé mardi soir à la nation en pleine crise. Au-delà des décisions essentielles qu'il a annoncées - maintien des législatives à partir d'aujourd'hui et, surtout, tenue de la présidentielle avant fin juin 2012 -, son discours concentrait tous les arguments rappelant le rôle exceptionnel de l'armée en Egypte, tout en s'indignant des campagnes de «diffamation» et de «distorsion» menées par les médias, qui veulent «nuire à notre réputation» et cherchent à «ébranler la confiance entre le peuple et l'armée». Si un tel discours n'a pas ému les forces politiques et les jeunes révolutionnaires, il trouve un écho certain auprès d'une grande partie de la population, fortement attachée à ses «forces armées qui appartiennent au peuple», selon la Constitution égyptienne.

Il y a les «Oui à l'armée !» en lettres géantes, que l'on peut lire sur les murs des tunnels du Caire. «L'armée, c'est notre histoire, notre gloire et notre assurance», assure volontiers l'homme de la rue. Cet attachement historique a été renforcé par la fierté nationale retrouvée depuis la révolution, et surtout par l'immense crédit gagné par les militaires quand ils ont précipité de f