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Egypte : une élection et deux pouvoirs

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Les législatives débutent aujourd’hui dans un contexte de grande tension. Dénonçant la toute-puissance de l’armée, l’opposition a constitué un gouvernement parallèle qui jette le discrédit sur la future Assemblée.
par Marion Guénard, Correspondance au Caire
publié le 28 novembre 2011 à 0h00

C’est un marathon électoral qui va durer quatre mois. Cette élection législative, premier scrutin depuis la chute de Hosni Moubarak en février, est une étape clé de la transition politique de l’Egypte vers un régime démocratique. Mais les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, qui ont fait plus de 40 morts et près de 3 000 blessés la semaine dernière, et la mobilisation, qui continue place Tahrir, pour exiger du Conseil suprême des forces armées (CSFA) un transfert du pouvoir aux civils, jettent un voile d’ombre sur une élection critiquée d’avance. Et ils viennent compliquer davantage une situation déjà chaotique.

Une cinquantaine de partis, pour la plupart regroupés en quatre grandes coalitions, concourent pour les élections. L’Alliance démocratique, principale force d’opposition sous le régime de Moubarak et largement dominée par les Frères musulmans, est donnée favorite. Les Frères ont l’expérience du terrain.

Peu d'enthousiasme. Nam, mère de famille de cinq enfants, vit avec un salaire de misère. Elle habite Ezbet el-Hagana, un quartier très défavorisé du nord du Caire. Seuls les Frères sont venus jusqu'à elle. «Bien sûr que je vais voter pour eux. Je n'avais jamais rien entendu d'eux auparavant, mais, là, je vois que ce sont des gens bien. Ils promettent de mettre en place tous les services dont on a besoin : l'eau courante, l'électricité… ce que le régime de Moubarak n'a jamais fait pour nous !» s'enthousiasme-t-elle. Pour la pre